L’industrie du textile et de l’habillement, comme toute industrie, possède ses propres spécificités qui se sont développées avec la montée en puissance de la délocalisation massive de la production textile vers les pays à bas coût de main d’œuvre, en particulier en Asie. Ce phénomène a été porté par les enseignes de la fast fashion et tout le monde a dû suivre le mouvement, y compris de nombreux acteurs du luxe et du luxe abordable.
L’autre spécificité de cette industrie est le morcellement de la supply chain, car fabriquer un vêtement nécessite une multitude d’étapes et de savoir-faire très différents mais complémentaires.
Les marques se concentrent sur la création stylistique et la commercialisation, et s’appuient sur un réseau d’une multitude de confectionneurs ou d’agents pour développer et produire leurs vêtements. Elles se positionnent la plupart du temps en tant qu’acheteuses, lancent le développement de prototypes chez plusieurs fournisseurs pour choisir le « mieux disant ». Le prix étant la plupart du temps le premier critère de sélection.
A force de chercher à baisser le prix d’achat, les marques se sont éloignées de leur cœur de métier, à savoir : faire rêver leurs clients et leur apporter le meilleur rapport style/qualité/prix. Elles se sont également éloignées de leurs fournisseurs qui détiennent le savoir-faire et les compétences techniques (permettant de faire de beaux et de « bons » produits). Ce comportement a généré de nombreux effets pervers sur les conditions sociales et environnementales de l’ensemble des filières.
Jusqu’à présent, il était plus simple de se contenter de passer des commandes en faisant signer à son rang 1 des Conditions Générales d’Achat sensées protéger le donneur d’ordre de tout risque qui pourrait engager sa responsabilité. Sauf que… toutes les parties prenantes ont une responsabilité dont elles ne peuvent se soustraire. Et il est de la responsabilité des marques de s’assurer que la fabrication de leurs produits ne puisse entraîner des catastrophes sociales et environnementales ; surtout quand ces dernières commencent à prendre la parole sur la notion de développement durable.
Mais comment peut-on être sûr que le droit international du travail ou les règles élémentaires de respect de l’environnement sont bien respectés lorsque nous n’avons aucune idée de la façon dont nos produits sont fabriqués ou d’où vient la matière première les composant ?
Connaître son rang 1, c’est-à-dire au mieux le confectionneur ou bien souvent un agent, est une chose. Encore que dans « connaître » il faut savoir si on a déjà mis les pieds dans l’usine ou s’il s’agit seulement du nom de l’entreprise. Ce n’est évidemment pas du tout la même chose. Dans tous les cas, connaître seulement le rang 1 est très insuffisant (il se peut même qu’il soustraite la confection).
Mais tout cela vous le savez déjà…
Ce monde est révolu. La pression des consommateurs d’un côté et les règlementations qui vont progressivement entrées en vigueur de l’autre imposent de changer de business model.
Toutes les marques doivent s’engager dans la RSE,devenue soudainement un pilier de la stratégie d’entreprise. Evidemment, en partant de si loin, le chantier peut sembler immense. Alors par quoi commencer ?
Eh bien, par le début, à savoir : connaître l’ensemble des acteurs de sa supply chain, du champ (de coton par exemple) à l’atelier de confection. Facile à dire, plus difficile à faire lorsque l’on a plus d’une centaine de fournisseurs de rang 1 et donc des centaines d’acteurs au global.

Producteurs de coton biologique et équitable / Filière Good Fabric
Tracer ses filières est un travail ardu car il faut :
- Faire preuve de pédagogie pour expliquer les raisons de cette nouvelle exigence et convaincre toutes les parties prenantes de jouer le jeu ;
- Répondre aux questions sensibles de confidentialité et de non-sollicitation ;
- S’engager à ce que cette demande de transparence ne soit pas un nouveau moyen de compresser encore davantage les marges de chaque acteur ;
- Avoir les ressources humaines et les outils pour permettre un management efficace de sa supply chain.
En parlant d’outil, une plateforme de traçabilité ne peut bien évidemment pas tout faire, comme par exemple identifier seule des acteurs jusqu’ici inconnus dans une filière existante. C’est le rôle d’un responsable RSE ou d’un acteur expert comme GOOD FABRIC. Par contre, une plateforme SaaS telle que FOOTBRIDGE va permettre de collecter la donnée et la rendre exploitable pour la marque dans le management de ses collections, de son sourcing et dans la communication auprès de ses clients.
Une plateforme de traçabilité décentralisée est ainsi un moyen de renforcer la notion de partenariat entre chaque acteur grâce à une infrastructure décentralisée. Certains diront que c’est un moyen de mieux surveiller ses fournisseurs. Le contrôle peut être nécessaire, d’autant plus si on communique sur l’éco-conception des collections. Mais une telle plateforme permet en parallèle de renforcer la relation de responsabilité entre clients et fournisseurs.
Sommaire
La difficulté d’«onboarder» ses fournisseurs
Cette étape est bien sur cruciale car sans la pose de nœud blockchain et d’onboarding des acteurs dans la plateforme, pas de transmission de données dynamiques ni de réseau décentralisé…
Le sujet de la traçabilité et de la transparence est une sujet d’actualité, même si toutes les marques commencent à s’en emparer. De leur côté, les fournisseurs ne perçoivent pas encore leur intérêt dans une telle démarche, d’autres seront réticents à devoir « perdre du temps » avec une nouvelle contrainte imposée par leur donneur d’ordre. Et la difficulté sera sans doute de plus en plus forte au fur et à mesure que l’on remontera la chaîne de valeur.
C’est la raison pour laquelle il s’avère indispensable de faire preuve de pédagogie pour les embarquer dans une démarche de responsabilité commune. Préserver la confidentialité des données et respecter l’éthique dans la relation commerciale sont des préalables pour faciliter le déploiement global.
En réalité, une plateforme de traçabilité peut être un outil de monitoring des approvisionnements pour chaque acteur de la filière. De même que pour une marque, un confectionneur peut avoir un grand intérêt à mieux maitriser sa propre supply chain pour ainsi mieux servir ses clients.
Donc il ne faut pas sous-estimer cette première étape lorsque l’on engage un tel projet. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, en fonction du nombre de fournisseurs, il est préférable de procéder étape par étape sur plusieurs saisons.
Mais une fois cette phase initiale réalisée, la simplicité d’utilisation de FOOTBRIDGE, que ce soit pour les marques ou ses fournisseurs, permet de répondre aux enjeux de la manière la plus efficace possible.
Qu’est ce que la blockchain ?
« La blockchain est une base de données infalsifiable de transactions. Elle agit comme un tiers de confiance – à la manière d’un notaire – qui authentifie et archive les transactions. » comme le précise LeMagIT dans un article de 2018.
La technologie blockchain B2B permet de sécuriser la transmission de données entre 2 acteurs. En d’autres termes, Cap Gemini nous explique que « la technologie de la blockchain peut faciliter la connectivité et l’échange de données sécurisées entre les écosystèmes d’entreprise, en permettant un nouveau type de base de données qui exploite l’automatisation intelligente et l’optimisation des processus pour stocker et tracer les données de manière distribuée, vérifiée et sécurisée. »

Image Tilkal
Mailler les data transmises les unes aux autres par chaque acteur d’une filière, la rendre infalsifiable et notariser, c’est ça le véritable intérêt de la blockchain pour une marque de mode. Car elle permet de responsabiliser tous les acteurs de la chaîne de valeurs. Les données et documents peuvent ensuite être vérifiés pour assurer la cohérence, l’authenticité et limiter le risque de fraudes ou d’erreurs.
Précisons enfin que la blockchain B2B, c’est-à-dire de point à point, permet de limiter grandement l’impact environnemental en comparaison avec le blockchain des cryptomonnaies par exemple.
La 1ère étape de l’éco-conception
De notre point de vue, la 1ère étape de l’éco-conception textile, et donc d’une démarche RSE digne de ce nom, est de tracer de bout en bout la fabrication de ses produits.
En effet, comment pouvons-nous revendiquer un produit « durable » si on ne sait pas où, comment et par qui il a été fabriqué ? S’appuyer sur un certificat de transaction GOTS (pour un produit composé de fibres biologiques) fourni par le confectionneur est indispensable. Mais est-ce suffisant ?
Le développement durable, c’est d’abord du bon sens
Entre la théorie et la réalité terrain, il existe souvent un écart. Or la responsabilité d’une marque est engagée si un scandale explose à l’autre bout du monde, que ce soit sur le travail forcé dans une usine ou la maltraitance des moutons dont provient la laine utilisée dans la fabrication de ses vêtements. Les CGA signées par le confectionneur (mais pas par le teinturier ou le filateur) n’auront alors aucune utilité pour limiter l’impact sur la réputation de la marque.
Connaître tous les acteurs de sa supply chain est une tâche gigantesque pour la plupart des distributeurs. Mais comme disait Mark Twain, « ce n’est pas parce que c’est difficile qu’il ne faut pas le faire ». Cela devient une nécessité et demain une obligation, que ce soit pour des raisons réglementaires ou de sécurisation des approvisionnements de matières.
Les vraies matières durables sont rares et sécuriser ses approvisionnements suppose de ne plus se contenter d’acheter un produit fini sans se préoccuper du reste.
Donc comment avancer ? D’abord en se posant les bonnes questions et en procédant par étape :
- Avons-nous besoin d’autant de fournisseurs ?
- Faire des collections durables implique de s’appuyer sur des partenaires engagés, donc y a-t-il une sélection vis-à-vis des fournisseurs qui ne voudraient pas engager une démarche de progrès rapidement ?
Onboarder d’abord les acteurs les plus engagés et ceux qui représentent les plus gros volumes. Ainsi, il sera possible de rapidement tracer un nombre important de références. De même, identifier les rang 2 et 3 permet de franchir déjà des étapes importantes.
Avec une ambition claire et partagée et en s’appuyant sur les bons outils, il est raisonnable de penser que l’on puisse tracer une grande partie des acteurs de sa supply chain en 2 ans. Les plus efficaces iront encore plus vite.
Comment faire face au risque de fraude ?
Plus une filière est opaque, plus le risque de fraude est élevé. La fraude peut revêtir de nombreuses formes :
- Comment peut-on être sûr que le coton composant le tshirt est bien biologique ?
- Comment savoir si les producteurs vivent dans des conditions décentes ?
- Comment les produits chimiques sont-ils utilisés dans l’usine de teinture ?
Nous ne vivons pas dans un monde parfait et aucun outil, aucune plateforme SaaS ou aucune IA ne pourra garantir le risque 0. Mais là encore, il est possible de s’engager dans une démarche sérieuse de progrès et de faire les bons choix en commençant par renoncer à certaines pratiques inacceptables.
Et, tout nous ramène à la traçabilité car comment refuser ce qui est inacceptable (concernant les conditions sociales et environnementales)… lorsque l’on ne sait pas ? Sachant que désormais, les nouvelles générations ne pardonneront pas de ne pas tout faire pour savoir.
La fin du déclaratif, voici l’ère de la preuve

Portail Footbridge
L’autre volet de la traçabilité est d’apporter des preuves, des données dynamiques, tangibles et vérifiables qui permettent de savoir et d’informer les clients.
Il n’est plus possible de se contenter de déclaration de belles intentions qui ne reposent sur rien, car elles peuvent induire en erreur les consommateurs et de la même manière engager la responsabilité des marques. Il n’est plus possible de voir fleurir des pseudos allégations sur les produits alors que les informations sont (volontairement) confuses et ne reposent sur rien de concret.

Appli mobile Footbridge
En clair, sans preuve de ce que l’on dit, il est impossible de distinguer le greenwashing d’une prise de parole d’une marque véritablement engagée et qui fait de son mieux. C’est la raison pour laquelle il est indispensable de choisir une solution performante permettant de maîtriser sa production et sa communication.
FOOTBRIDGE, via la blockchain, engage chaque acteur pour les données qu’il communique. Elles sont alors sécurisées et infalsifiables. Cela ne garantit pas que ces données soient justes mais elles sont contrôlables à tout moment. Par contre, responsabiliser chaque acteur sur les données qu’il transmet est une notion capitale pour limiter le risque de fraude. Nous savons qui a transmis une information et quand. Coupler à des tests labo par exemple, il est alors possible de vérifier si les allégations du produit sont justes et de s’adresser à l’acteur concerné en cas de problème.
Désormais grâce à un simple QR code sur l’étiquette, FOOTBRIDGE vous dit tout sur la fabrication du vêtement et son impact environnemental.
Au travers l’utilisation de l’appli mobile, le consommateur peut connaître l’identité de chaque acteur, les certifications dont bénéficie l’usine, avoir à disposition les certificats ou les rapports d’audit, savoir quand le produit à été confectionné et expédié… Bref toutes les données pertinentes pour démontrer de l’engagement de la marque et de ses partenaires.
Pour conclure, la technologie blockchain n’est pas indispensable à la mode durable. Mais une plateforme SaaS telle que FOOTBRIDGE peut s’avérer une solution très pertinente pour les marques qui veulent avancer efficacement et rapidement vers une transformation responsable de ses collections.
FOOTBRIDGE est une offre de services de traçabilité et d’analyse d’impact dédiée au secteur textile développée en partenariat par GOOD FABRIC et TILKAL.
Sources :
https://www.capgemini.com/fr-fr/la-blockchain-et-les-plateformes-b2b/