L’affichage environnemental, accélérateur de transition pour le secteur de l’habillement ?

Affichage environnemental textile

A n’en pas douter, l’obligation d’afficher une note d’impact sur les vêtements va entrainer une accélération des mutations en cours dans le secteur textile/habillement. Le législateur veut à la fois apporter une information aux consommateurs sur l’empreinte d’un produit et inciter les entreprises à les éco-concevoir. Ce nouveau cadre réglementaire va s’imposer à tout metteur sur le marché (en France et certainement en Europe). Or la plupart des entreprises n’y sont pas prêtes et nombreuses sont encore celles qui ne savent pas de quoi on parle. Cet article va tâcher de répondre aux questions qui se posent autour de l’Affichage Environnemental.

Tic tac… même si la méthodologie de calcul et l’échéance de mise en application de cette nouvelle obligation réglementaire sont encore à l’étude, toutes les marques et enseignes doivent s’y préparer sans délai. Selon toute vraisemblance, la méthode devrait être finalisée fin 2022 et applicable pour les collections hiver 2023 ou été 2024. Lorsque l’on connait le temps nécessaire pour créer, développer et produire des collections, il est urgent d’apporter des réponses pour ne pas subir.

Avoir une note D ou E sur un vêtement ne va certainement pas le valoriser. Et plus un produit est vendu cher, plus le consommateur aura sans doute une hésitation à l’acheter s’il est mal noté. Au-delà des répercussions potentielles sur les ventes, la réputation de la marque pourrait être lourdement pénalisée. A l’inverse, les marques proposant des collections éco-conçues seront logiquement valorisées.

Par ailleurs, être capable de mettre une note sur une étiquette implique une organisation spécifique en commençant par avoir la capacité de calculer la dite note…

Qu’est ce que la loi AGEC et quelles conséquences pour mon entreprise ?

L’Assemblée Nationale et le Sénat ont adopté la loi n° 2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire. De nombreux articles de cette loi vont avoir des conséquences pour les entreprises textiles.

source zepros.fr

1ère application concrète : depuis le 1er janvier 2022, il est interdit de détruire les invendus. Chaque année, 10 000 à 20 000 tonnes de produits textiles sont détruits en France. Mais ce n’est qu’un préambule puisque que la contrainte majeure en cours de préparation est l’obligation prochaine d’afficher une note environnementale sur le vêtement au même titre que sur les machines à laver ou le nutri-score sur les produits alimentaires.

L’article 13 de la loi AGEC et la traçabilité

La traçabilité devrait également devenir une exigence. Dans tous les cas, les marques vont devoir identifier les acteurs de sa supply chain pour contrôler les allégations utiles au calcul ACV en s’appuyant sur les données réelles.

Or, dans notre métier, peu d’entreprises ont une traçabilité de bout en bout de leurs filières de production.

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Quelles notes vont avoir mes produits ? et quelles répercutions sur ma marque ?

Impossible de le dire précisément pour le moment. Les modalités de calcul sont encore dans la phase d’analyse et d’expérimentation. La France est en pointe sur le sujet avec la volonté d’aboutir rapidement à l’application du dispositif. Mais une harmonisation de la méthode est également à prévoir au niveau européen.

A ce stade, il est donc impossible de donner une note sans connaitre la méthode. D’une manière générale, plus le vêtement utilisera des matières et composants « éco-responsables » et sera fabriqué dans une zone proche, meilleure sera la note.

Evidemment, les notes auront une répercussion sur l’image de la marque, positive… ou négative. Les entreprises n’auront aucune latitude sur le résultat de la note puisqu’il devra respecter une méthodologie de calcul précise. Par contre, rien ne les empêchera d’apporter des informations complémentaires sur leur savoir-faire, des preuves sur leur engagement et leur démarche de progrès.

vitrine magasin

Comment sera calculée la note environnementale ?

La méthode scientifique de calcul liée à l’affichage environnemental s’appuie sur le principe de l’analyse de cycle de vie (ACV). 2 méthodes existent aujourd’hui :

A. La méthode française qui utilise la base Impact de l’Ademe et calcule 2 facteurs d’impact

Pour afficher la note environnementale d’un produit textile selon la méthode française, il faut, tout d’abord, effectuer une analyse du cycle de vie du produit selon 2 indicateurs d’impacts environnementaux :

  • Le changement climatique (on calcul la quantité de C02 qui a été émise par le produit durant son cycle de vie)
  • L’eutrophisation d’eau douce (On calcule la quantité de phosphore qui a été émise par le produit durant son cycle de vie)

Ensuite, dès que l’on a les résultats pour les deux indicateurs environnementaux, on va venir les comparer avec les autres valeurs d’indicateurs environnementaux calculées par les autres entreprises françaises sur le même type de produit.

Une fois la comparaison terminée, on va pouvoir attribuer un score pour les deux indicateurs environnementaux et faire la moyenne de ces deux scores pour obtenir le score global d’impact environnemental du produit qui sera associé à une lettre selon un barème défini.

B. Avec la méthode européenne dite PEFCR, les marques auront accès pour 16 catégories de produits textiles, un ensemble de règle et d’exigences environnemental (Product Environnemental Footprint Category Rules).

Concrètement, les marques auront accès à un produit dit « témoin » pour la catégorie de produit choisi ayant des résultats prédéfinis par le PEFCR sur 16 facteurs d’impact. Elles pourront donc venir comparer les résultats de l’analyse de cycle de vie qu’elles auront effectués sur leurs produits, selon la méthode européenne, sur les 16 indicateurs d’impacts environnementaux.

Pour obtenir la note environnementale, il sera nécessaire de calculer l’ACV de chaque produit.

En parallèle à la méthode française, la méthode PEF (Product Environmental Footprint) offre une approche européenne harmonisée pour évaluer l’impact environnemental des produits. Cette méthode permet de calculer l’empreinte environnementale sur plusieurs indicateurs d’impact, offrant ainsi une vision complète et normalisée à l’échelle de l’UE. 

Sera-t-il possible d’améliorer la note ?

Oui et non…

Oui il est possible d’améliorer la note d’un produit à partir du moment où on travaille en amont sur sa réduction d’impact et que la chaine de production est en mesure de répondre à ces exigences. Non, il n’est pas possible « d’ajuster » la note à postériori.

Le but de la loi AGEC est d’inciter les entreprises à réduire leur impact environnemental. Donc améliorer les notes de ses produits passe par l’éco-conception des collections. Or proposer en magasin des vêtements vraiment durables ne se fait pas en un claquement de doigt… Mettre en œuvre une démarche RSE structurée et obtenir des résultats concrets à l’échelle d’une collection prend plusieurs années.

Comment adapter mon entreprise à ces nouvelles contraintes ? Comment calculer l’ACV et la future note environnementale ?

Des bureaux d’étude peuvent calculer un ACV et donc une note environnementale. Mais il existe une différence importante entre un ACV (et donc une note) s’appuyant uniquement sur des bases de données ou un ACV calculé sur les éléments réels de la production du produit. Les marques engagées dans l’éco-conception auront tout intérêt à utiliser les données réelles de leur supply chain pour obtenir des notes meilleures.

En réalité, l’ensemble de cette démarche va contraindre les marques à engager une stratégie RSE structurée et ambitieuse de leurs collections. Plus question de ne faire qu’une capsule de quelques pièces pour communiquer. Car comment expliquer que certains produits sont notés A et la grande majorité D ou E ?

Plus vite cette stratégie sera déployée à grande échelle, plus elle fera la différence aux yeux de ses clients. Dans le cas contraire, des mauvaises notes pourraient nuire gravement à l’attractivité et à la réputation de la marque, surtout lorsque celle-ci prône des valeurs ou une image en décalage de la réalité.

Comment Footbridge aide les entreprises à répondre à ces enjeux ?

Footbridge a été pensée pour accélérer la transformation durable de l’industrie textile. Une sorte de boite à outils permettant de :

  • Rapprocher l’ensemble des acteurs, du producteur de matière premièree au consommateur
  • Cartographier les filières de production
  • Mesurer l’impact environnemental et social
  • Répondre aux obligations légales notamment sur l’affichage environnemental

D’une part, Footbridge est une plateforme de traçabilité permettant de responsabiliser l’ensemble des acteurs et de contrôler des données transmises. La traçabilité est au cœur de toute démarche responsable. D’autre part, Footbridge propose nativement un service de mesure d’impact (ACV) de chaque produit et intègrera le calcul de la note environnemental.

Enfin, l’app mobile permet de répondre aux contraintes règlementaires mais aussi et surtout d’apporter une information complète et fiabilisée sur les conditions de fabrication de chaque produit.

 

Sources

https://circulaire.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFSCTA000041553761

 

Questions clés de l’article

  • Qu'est-ce que l'affichage environnemental et pourquoi est-il important pour les vêtements ?

    L’affichage environnemental est une méthode permettant de quantifier et de communiquer les impacts environnementaux des produits, y compris les vêtements, tout au long de leur cycle de vie.

    Cet affichage environnemental textile informe les consommateurs sur les impacts environnementaux des produits qu’ils achètent, incitant les entreprises à améliorer la performance environnementale de leurs produits.

    Il contribue également à la transparence et à la sensibilisation des consommateurs sur l’empreinte écologique des produits textiles.

  • Quelle est la méthodologie utilisée pour calculer l'impact environnemental des vêtements ?

    La méthodologie repose principalement sur l’analyse de cycle de vie (ACV), prenant en compte des facteurs tels que les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau et l’eutrophisation de l’eau douce.

    Les deux méthodes principales sont la méthode française basée sur la base Impact de l’Ademe et la méthode européenne PEFCR Apparel & Footwear.

    Ces méthodes permettent d’évaluer les impacts environnementaux de manière fiable et standardisée.

  • Quel est le rôle des parties prenantes dans la mise en place de l'affichage environnemental ?

    Les parties prenantes, incluant les producteurs, les consommateurs, les ONG et les régulateurs, jouent un rôle essentiel en collaborant pour assurer la traçabilité, le calcul précis des impacts environnementaux et l’adoption de pratiques durables.

    Leur participation est essentielle pour l’efficacité et la crédibilité de l’affichage environnemental.

    Les entreprises doivent travailler avec leurs fournisseurs pour collecter des données précises, tandis que les consommateurs sont encouragés à privilégier les produits avec une meilleure performance environnementale.

  • Comment l'affichage environnemental affecte-t-il la perception des consommateurs et la performance des entreprises ?

    Un affichage environnemental clair et précis peut influencer positivement la perception des consommateurs en valorisant les produits éco-conçus.

    Les entreprises ayant des produits avec de bonnes performances environnementales peuvent utiliser cet affichage comme un outil de marketing pour attirer des consommateurs soucieux de l’environnement. Inversement, une mauvaise note environnementale nuit à l’image de la marque et affecte les ventes.

    Cet affichage encourage donc les entreprises à améliorer continuellement la performance environnementale de leurs produits.

  • Quels sont les défis et les opportunités associés à la mise en œuvre de l'affichage environnemental dans le secteur textile ?

    Les principaux défis sont :

    • la complexité du calcul des impacts environnementaux ;
    • la nécessité de transparence et de traçabilité dans la chaîne d’approvisionnement ;
    • les coûts associés à la collecte de données et à la mise en œuvre des mesures correctives.

    Cependant, cette mise en œuvre offre aussi des opportunités, comme la différenciation concurrentielle, la satisfaction accrue des consommateurs soucieux de l’environnement, et la conformité aux régulations en vigueur, notamment la loi AGEC et la loi climat et résilience.

    Les entreprises peuvent également valoriser leurs efforts en matière de durabilité et renforcer leur engagement en faveur de la transition écologique.

  • Quels sont les délais et les exigences réglementaires pour l'affichage environnemental des vêtements ?

    Les modalités de calcul et d’application de l’affichage environnemental sont encore en phase d’étude, avec une méthodologie attendue pour fin 2024 et une application prévue pour les collections 2025.

    L’affichage environnemental obligatoire sera appliqué à tous les produits textiles vendus en France, avec des implications potentielles pour l’ensemble de l’Europe.

    Cette obligation s’inscrit dans le cadre de la loi Climat et Résilience et vise à améliorer la transparence et la sensibilisation des consommateurs sur les impacts environnementaux des produits qu’ils achètent.

  • Comment les entreprises peuvent-elles se préparer à l'implémentation de l'affichage environnemental?

    Les entreprises doivent adopter des stratégies de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) structurées, investir dans la traçabilité de leurs filières de production, et utiliser des outils de mesure d’impact environnemental.

    L’accompagnement par des plateformes spécialisées comme Footbridge peut aider à répondre à ces enjeux en fournissant des solutions de traçabilité et de calcul d’ACV.

    Les entreprises doivent également se tenir informées des évolutions réglementaires et participer aux consultations publiques pour contribuer à l’élaboration des méthodologies et des critères d’affichage environnemental.

Louis-Marie Vautier

Gérant - Co-fondateur GOODFABRIC

Louis-Marie Vautier est le co-fondateur de GOOD FABRIC et de la plateforme FOOTBRIDGE, spécialisées dans la traçabilité et l'éco-conception dans l'industrie textile. Entrepreneur engagé, il œuvre pour rendre la mode plus durable et transparente à travers des solutions innovantes. Son approche contribue significativement à l'amélioration des pratiques environnementales dans la mode, en alliant expérience du terrain, technologie et responsabilité écologique.

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