DDP et EUDR, les conséquences pour les entreprises européennes de Mode

Le Digital Product Passport (DPP) et le European Union Deforestation Regulation (EUDR) sont deux initiatives clés qui redéfinissent le cadre de durabilité et de transparence pour les entreprises de mode européennes. Les entreprises sont désormais confrontées à des enjeux critiques, car ces régulations les obligent à intégrer de nouvelles pratiques de traçabilité et de conformité environnementale dans leurs processus. Cet article approfondit les implications du DPP et de l’EUDR, en mettant en lumière les défis et les opportunités qu’ils représentent pour les entreprises de mode.

Contexte et Objectifs du Digital Product Passport et de l’EUDR

Digital Product Passport : Transparence et Traçabilité dans la Mode

Le Digital Product Passport (DPP) est une initiative de la Commission européenne visant à fournir des informations numériques complètes sur les produits tout au long de leur cycle de vie. Ce passeport numérique inclut des informations sur l’origine des matériaux, les processus de production, et l’empreinte écologique, permettant ainsi une transparence accrue pour les consommateurs et les parties prenantes. L’objectif est de favoriser une économie circulaire, en aidant les consommateurs à faire des choix plus éclairés et en facilitant la gestion en fin de vie des produits.

Les entreprises de mode devront inscrire dans ce passeport des informations précises, telles que l’origine des fibres textiles, les méthodes de teinture, et les conditions de travail tout au long de la chaîne de valeur. En somme, le DPP fait appel aux principes de transparence, de responsabilité et d’éco-conception.

European Union Deforestation Regulation (EUDR) : Protection des Écosystèmes

L’EUDR impose une responsabilité aux entreprises en termes d’utilisation de ressources naturelles, notamment en matière de déforestation. En réponse à la déforestation liée à la production de matières premières en particulier le cuir, l’EUDR exige que les entreprises s’assurent que leurs produits n’ont pas contribué à la déforestation, ni directement ni indirectement. Les entreprises doivent donc prouver que leur chaîne d’approvisionnement est exempte de matières issues de zones forestières sensibles ou menacées.

L’objectif final de l’EUDR est de réduire les effets néfastes de l’industrie sur les écosystèmes forestiers, tout en instaurant une obligation de diligence raisonnable (due diligence) pour la traçabilité des produits.

Enjeux pour les Entreprises Européennes de Mode

Les entreprises de mode européennes font face à plusieurs défis pour se conformer aux exigences du DPP et de l’EUDR, notamment en matière de collecte de données, d’infrastructure technologique, et de gestion de la chaîne d’approvisionnement.

1. La Collecte et la Gestion de Données

La mise en place du DPP implique une collecte exhaustive de données à chaque étape de la chaîne de valeur, de la production des matières premières à la distribution. Les entreprises doivent établir des partenariats de confiance avec leurs fournisseurs pour garantir la fiabilité des informations transmises. Cependant, l’intégration de cette collecte systématique de données peut être complexe, surtout pour les petites et moyennes entreprises (PME) de mode, qui manquent parfois de ressources et de compétences dans la gestion des données.

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L’EUDR ajoute un autre niveau de complexité : les entreprises doivent suivre de près les sources des matières premières végétales et animales pour s’assurer de leur conformité environnementale. Cela implique une vérification régulière de la provenance des matières premières, ainsi que l’établissement de systèmes de traçabilité plus sophistiqués.

2. Infrastructure Technologique

L’implémentation du DPP nécessite des investissements significatifs dans les systèmes informatiques, car ces données doivent être accessibles en temps réel et partager des standards communs. De plus, il est essentiel que les informations contenues dans le DPP soient sécurisées pour éviter tout risque de fraude. Les entreprises de mode doivent donc mettre en place des infrastructures technologiques robustes pour garantir l’intégrité et la sécurité des données.

Dans le même temps, les entreprises sont incitées à adopter des solutions numériques qui permettent une traçabilité fiable et en temps réel de l’origine des matériaux. Il est donc déterminant de déployer des solutions agiles et adaptées aux spécifités du secteur textile.

3. Adaptation de la Chaîne d’Approvisionnement

Le DPP et l’EUDR demandent aux entreprises de repenser leurs chaînes d’approvisionnement pour assurer une meilleure conformité.App Footbridge pour AMI Paris

Les entreprises devront veiller à travailler avec des fournisseurs capables de fournir des matières premières traçables et vérifiées, ce qui pourrait entraîner une réorganisation complète de leurs partenariats existants.

Pour répondre aux exigences de l’EUDR, les entreprises devront également cartographier les risques de déforestation liés à leurs fournisseurs et aux zones d’approvisionnement.

Dans le secteur du coton ou du cuir, par exemple, les marques de mode devront prendre des mesures de diligence pour s’assurer que leurs matériaux n’ont pas d’impact sur la déforestation, sous peine de sanctions.

4. Pression Réglementaire et Risques Juridiques

La non-conformité aux normes établies par le DPP et l’EUDR peut exposer les entreprises à des amendes, voire à des interdictions de mise sur le marché. Ces risques juridiques constituent une pression supplémentaire pour les entreprises, d’autant plus que les régulateurs européens pourraient intensifier les contrôles et audits.

Les entreprises doivent donc renforcer leurs politiques de conformité, en engageant des experts juridiques et environnementaux pour s’assurer de respecter les réglementations en vigueur. Cette démarche représente non seulement un coût financier, mais aussi une charge administrative qui peut peser lourdement sur les entreprises de mode.

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Conséquences des Régulations sur les Entreprises de Mode

1. Coûts Accrus et Réallocation des Ressources

Le respect des exigences du DPP et de l’EUDR nécessite des investissements conséquents dans la collecte de données, l’infrastructure technologique, et la gestion de la chaîne d’approvisionnement. Ces coûts supplémentaires peuvent être particulièrement lourds pour les petites entreprises, qui pourraient devoir réallouer des ressources ou augmenter leurs prix pour compenser les dépenses supplémentaires.

D’autre part, les entreprises de mode devront investir dans des programmes de formation pour sensibiliser et former leurs équipes aux nouvelles pratiques de durabilité et de traçabilité. Bien que cela représente un coût à court terme, ces formations contribueront à une meilleure intégration des principes de durabilité dans les stratégies d’entreprise à long terme.

2. Opportunités d’Innovation et de Différenciation

Le DPP et l’EUDR ouvrent des opportunités pour les entreprises innovantes, qui peuvent se démarquer en proposant des produits traçables et respectueux de l’environnement. Les marques de mode qui adoptent des matériaux durables et des processus de production transparents peuvent renforcer leur position sur le marché en répondant aux attentes croissantes des consommateurs en matière de durabilité.

En outre, les entreprises peuvent explorer de nouvelles sources de matériaux durables, comme les fibres biologiques ou recyclées, les alternatives au cuir traditionnel, pour répondre aux exigences de l’EUDR tout en réduisant leur empreinte écologique. Cette approche leur permet de s’inscrire dans un modèle d’économie circulaire, qui devient un atout de plus en plus prisé par les consommateurs.

3. Renforcement de la Relation avec les Consommateurs

En offrant une transparence accrue sur l’origine et la composition de leurs produits, les entreprises de mode peuvent renforcer la relation de confiance avec leurs consommateurs. Le DPP permet aux marques de répondre aux attentes de consommateurs de plus en plus soucieux de l’impact environnemental et social de leurs achats.

Les entreprises peuvent exploiter le DPP pour faire partager leur savoir-faire et celui de leurs partenaires industriels, mieux communiquer sur leurs engagements en matière de durabilité et ainsi développer une image de marque plus positive et éthique. Cela peut constituer un avantage concurrentiel pour les marques qui réussissent à se positionner comme leaders en matière de durabilité.

Perspectives d’Avenir pour le Secteur de la Mode

Vers une Norme Européenne de Durabilité

Le DPP et l’EUDR représentent une première étape vers une normalisation des pratiques durables dans le secteur de la mode. Il est probable que d’autres règlements s’ajoutent dans les années à venir, pour renforcer davantage les pratiques de durabilité. Les entreprises qui adoptent dès maintenant ces standards bénéficieront d’un avantage compétitif à long terme, en anticipant les attentes réglementaires et sociétales futures.

Collaboration et Partenariats Stratégiques

Pour relever les défis du DPP et de l’EUDR, les entreprises de mode peuvent collaborer avec des organisations, des fournisseurs, et même des concurrents pour partager les meilleures pratiques et réduire les coûts liés à la conformité. Des alliances stratégiques avec des partenaires spécialisés en technologie ou en solutions de traçabilité peuvent également faciliter l’intégration de ces nouvelles exigences.

Conclusion

Le Digital Product Passport et l’European Union Deforestation Regulation marquent une étape importante dans l’évolution de la durabilité pour le secteur de la mode en Europe. Bien qu’ils imposent des défis en matière de traçabilité, de technologie et de conformité, ces régulations offrent également des opportunités pour les entreprises visionnaires prêtes à innover. Les entreprises de mode qui investissent dans des pratiques durables et transparentes peuvent transformer ces contraintes en atouts compétitifs, consolidant ainsi leur position sur un marché de plus en plus orienté vers la responsabilité environnementale et sociale. En définitive, le DPP et l’EUDR dessinent l’avenir d’une mode plus éthique

L’offre de services FOOTBRIDGE associant plateforme SaaS et expertise RSE liées au métiers de la mode offre une réponse globale pour les marques internationales mais aussi aux marques françaises de dimension plus modestes, qui recherchent des solutions pragmatiques, adaptées et compétitives.

Louis-Marie Vautier

Gérant - Co-fondateur GOODFABRIC

Louis-Marie Vautier est le co-fondateur de GOOD FABRIC et de la plateforme FOOTBRIDGE, spécialisées dans la traçabilité et l'éco-conception dans l'industrie textile. Entrepreneur engagé, il œuvre pour rendre la mode plus durable et transparente à travers des solutions innovantes. Son approche contribue significativement à l'amélioration des pratiques environnementales dans la mode, en alliant expérience du terrain, technologie et responsabilité écologique.

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