Analyse du rapport « Measuring the Environnemental Impact of leather » de LWG

Le Leather Working Group est une organisation à but non lucratif ayant pour mission de réduire l’impact de l’industrie du cuir et fondée par des entreprises telles que Adidas, Clarks, Ikea, Nike, Marks & Spencer, Timberland…

L’organisation qui rassemble 2000 membres dans 60 pays a développé un référentiel de certification environnementale pour l’ensemble de la suply-chain du cuir (chaussures, maroquinerie…). Il s’agit actuellement de la seule certification pour ce secteur d’activité. Elle vient de publier un rapport sur l’analyse de cycle de vie du cuir.

Synthèse du rapport ACV de LWG sur le cuir

Le rapport de l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) commandé LWG vise à évaluer l’impact environnemental de la production de cuir, de l’élevage au cuir fini, selon les normes ISO 14040:2006 et ISO 14044:2006.

Les 3 Objectifs de l’étude

  1. Fournir une évaluation scientifique et actualisée des impacts environnementaux liés à la production de cuir bovin.
  2. Identifier les points critiques pour orienter les efforts des fabricants, marques et parties prenantes vers des pratiques plus durables.
  3. Soutenir les décisions basées sur des données pour réduire l’empreinte environnementale de la chaîne d’approvisionnement.

La méthodologie présentée

  • Périmètre d’étude : De « la ferme au portail de la tannerie » (cradle-to-gate), excluant la confection du produit fini,  l’usage et la fin de vie des produits.
  • Unités de mesure : 1 m² de cuir fini.
  • Données : Combinaison de données primaires (processus de tannerie) et secondaires (élevage et abattage).
  • Impacts évalués par catégorie :
    • Potentiel de réchauffement global (PRG).
    • Eutrophisation.
    • Déplétion des ressources abiotiques.
    • Utilisation et consommation d’eau.
    • Écotoxicité des eaux douces.

Les principaux résultats de l’étude

  1. Réchauffement climatique (22,5 kg CO₂e/m²) :
    • 68 % des émissions proviennent des processus en amont (élevage et abattage).
    • Les processus de fabrication (32 %) génèrent des impacts, notamment au niveau du post-tannage.
  2. Consommation d’eau (12 m³/m²) :
    • La majorité de l’eau utilisée est traitée et réutilisée (97 %).
    • Les impacts sont concentrés dans les étapes en amont, notamment l’élevage.
  3. Consommation d’eau nette (0,32 m³/m²) :
    • Faible consommation par rapport à l’eau utilisée, grâce aux systèmes de recyclage.
  4. Écotoxicité des eaux douces (283 CTUe/m²) :
    • Les déchets solides, suivis par les produits chimiques, sont les principaux contributeurs.
  5. Eutrophisation (0,16 kg PO₄e/m²) :
    • Impact majoritairement dû à l’élevage (91 %).
  6. Déplétion abiotique (145 MJ/m²) :
    • Les produits chimiques représentent 46 % de cet impact.

Les points critiques identifiés

  1. Chimie :

Les produits chimiques utilisés (19 % des émissions de CO₂) sont un levier majeur pour réduire les impacts, notamment par une meilleure gestion et des substituts durables.

  1. Gestion des déchets :

Réutilisation des flux de déchets pour des produits à plus forte valeur ajoutée.

  1. Choix du tannage (chrome vs sans chrome) :

Le tannage au glutaraldéhyde (sans chrome) présente des impacts environnementaux plus élevés, mais peut être avantageux dans certains contextes réglementaires.

  1. Améliorations possibles :

Augmenter l’efficacité énergétique.

    • Adopter des énergies renouvelables pour les usines situées dans des pays dépendants des énergies fossiles.

Limites et recommandations

L’analyse s’arrête au cuir fini et ne prend pas en compte la confection du produit, l’utilisation et la fin de vie, pourtant essentielles pour une approche circulaire.

Les données sur l’élevage est limitée alors qu’il représente l’essentiel des impacts d’un produit en cuir

  • Recommandations :
    • Développer la traçabilité des matières premières jusqu’au niveau agricole.
    • Collaborer avec les secteurs de la viande et des produits laitiers pour réduire les impacts à l’échelle des fermes.
    • Intégrer la durabilité et la longévité des produits dans les futures analyses.

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Pourquoi le PEFCR Leather privilégie la masse (kg) plutôt que la surface (m²) pour une ACV d’un sac en cuir

Le choix de l’unité fonctionnelle dans une Analyse de Cycle de Vie (ACV) est essentiel pour garantir une comparaison juste et cohérente des impacts environnementaux. Dans le PEFCR Leather (au même titre que le PEFCR Footwear Apparel ou que l’Affichage Environnemental textile français), la masse (kg) est utilisée comme unité fonctionnelle standard, même pour des produits comme les sacs en cuir où la surface (m²) pourrait sembler plus intuitive.

Il s’agit d’une différence méthodologique majeure avec l’étude LWG. Voici les raisons principales expliquant le choix de la masse dans l’unité fonctionnelle :

La standardisation et la comparabilité

  • Norme PEF (Product Environmental Footprint) :

Le PEF vise à harmoniser les ACV entre différents produits et secteurs. L’utilisation de la masse (kg) comme unité fonctionnelle est plus universelle, car elle permet une comparaison directe entre des matériaux de nature différente (cuir, textiles, plastiques).

La masse est une mesure standardisée et objective, tandis que la surface peut varier selon les caractéristiques spécifiques du cuir (épaisseur, qualité).

  • Applications multiples :

En utilisant le poids comme référence, les résultats sont comparables pour une gamme plus large de produits (par exemple, un sac, des chaussures ou des meubles), même si leur fabrication implique des exigences matérielles différentes.

La représentation physique du produit fini

  • Hétérogénéité des cuirs :

Le cuir est un matériau complexe avec des variations d’épaisseur, de densité et de traitement selon son usage. Pour des produits comme les sacs, une unité basée sur la masse reflète mieux l’impact total des matières premières utilisées, car elle inclut les couches supplémentaires (doublure, renforts) qui ne sont pas toujours reflétées par la surface seule.

  • Échelle pertinente pour les impacts :

Les impacts environnementaux, tels que le potentiel de réchauffement climatique ou la consommation d’énergie, sont plus directement liés à la masse totale de matière consommée qu’à sa surface.

La cohérence avec la chaîne d’approvisionnement

  • Mesure des intrants :

Les données disponibles dans les chaînes d’approvisionnement de l’industrie du cuir sont souvent exprimées en kilogrammes (par exemple, poids des peaux, produits chimiques utilisés).

Cela simplifie le calcul des impacts environnementaux pour les différentes étapes de transformation et garantit une traçabilité précise des flux de matière.

  • Allocation des impacts :

Les impacts environnementaux des matières premières (notamment l’élevage et l’abattage) sont attribués à l’animal selon son poids total et non sa surface. Utiliser le poids pour l’ACV des produits finis garantit une cohérence méthodologique.

Les limites de l’utilisation de la surface (m²)

  • Inadéquation pour certains produits :

Dans les cas où le cuir est utilisé avec des formes complexes ou des pertes significatives (chutes lors de la coupe), la surface seule ne reflète pas fidèlement l’ensemble des impacts. En revanche, le poids inclut toutes les pertes et co-produits.

  • Manque de standardisation :

Les méthodes de mesure de la surface du cuir ne sont pas uniformes dans l’industrie (par exemple, différences entre cuir pleine fleur, cuir fendu, etc.), ce qui pourrait introduire des incertitudes.

Le focus du PEFCR sur les produits finis

  • Approche produit :

Le PEFCR est conçu pour évaluer l’impact environnemental des produits finis dans leur globalité, pas uniquement leur matériau principal. Pour un sac, le poids total inclut non seulement le cuir, mais aussi les doublures, les fermetures et autres composants, rendant la masse une mesure plus complète.

Conclusion

L’étude communiquée par LWG fournit une base scientifique solide pour comprendre et réduire l’empreinte environnementale de l’étape de tannage du cuir, tout en mettant en lumière des opportunités d’innovation et d’amélioration dans les processus de transformation. Toutefois, cette analyse d’impact ne couvre pas l’ensemble du cycle de vie nécessaire pour une évaluation complète de l’impact environnemental d’un produit en cuir.

Le choix d’une unité fonctionnel en surface (m²) est pertinente pour évaluer des étapes spécifiques comme le tannage ou la coupe mais il ne permet pas la comparabilité ni l’intégration de ces données pour la réalisation d’une ACV pour un produit fini selon le cadre méthodologique du PEFCR ou de l’Ademe.

 

A propos de FOOTBRIDGE

L’entreprise a développé une méthode d’impact spécifique au cuir conformément aux normes ISO 14040 et 14044 permettant de calcule l’ACV et une mesure d’impact globale pour tout produit en cuir (prêt à porter, chaussure et maroquinerie). Ce service est disponible de manière automatisée au sein de la plateforme SaaS Footbridge.

 

Rapport LWG disponible ici : https://www.leatherworkinggroup.com/fileadmin/user_upload/LWG_LCA_2024_Summary_.pdf

 

Footbridge

Footbridge est une plateforme SaaS dédiée à la traçabilité et à l’évaluation des impacts environnementaux des secteurs textile, chaussures et maroquinerie. En combinant expertise RSE et technologie avancée, Footbridge aide les entreprises à mesurer, réduire et communiquer leur empreinte écologique, tout en répondant aux enjeux réglementaires et sociétaux. Une solution pragmatique pour accélérer la transition vers une mode plus durable.

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